Faites entendre votre voix
Qu'est-ce qui a déclenché votre engagement syndical ?
Au début, il n'y avait pas de convention collective. Le patron pouvait faire ce qu’il voulait avec le personnel. Je me suis opposé à plusieurs reprises aux méthodes utilisées et à la façon dont on traitait le personnel. A l’époque, le patronat était vu comme des dieux, il fallait faire la révérence, être très gentil avec eux pour faire carrière. Je me suis dit qu’il fallait que je m’engage pour remédier à ça.
Quelles sont les leçons que vous avez apprises en tant que leader syndical ?
Il faut s’engager et ne pas seulement être un membre passif. Il faut participer à la gestion du syndicat, avoir un mandat. Il est très important de recruter des membres pour avoir un poids décisionnel. La formation des délégués est très importante, les contacts à l’international aussi pour pouvoir observer le savoir-faire des autres syndicats. En France, Belgique, Allemagne... Aujourd’hui les communications sont plus rapides, plus efficaces. Cela m’aurait aidé à l’époque !
Quelles compétences ou expériences avez-vous acquises en dehors du domaine syndical qui vous ont aidé dans votre rôle ?
Pour faire ce job de syndicaliste, il faut bouger, et ne pas se cantonner à la lecture et autres principes purement théoriques. Il faut dialoguer avec tout le monde et s’engager dans des institutions (caisse de maladie, caisse de pension…). Au grand-duché tout le monde connaît tout le monde, il est important d’avoir des bonnes relations surtout avec le ministre du travail.
Quels sont les moments les plus mémorables ou gratifiants que vous ayez vécus ?
Les grandes manifestations, avec des milliers de gens ! On manifestait au sujet de grandes décisions et toutes sortes de revendications. Dans ma carrière il y a eu aussi des périodes de longues grèves, qui ont été coûteuses. Des milliers de travailleurs, de grands discours, c’est là que l’on voit la force syndicale. On faisait grève lorsque face aux échecs de négociations. Les autres manifestations concernaient aussi le bien-être, elles étaient moins importantes à l’époque mais tout de même. C’est un sujet qui subsiste toujours. L’aménagement des bureaux et autres installations techniques comme les premiers écrans… constituaient de gros problèmes car les gens travaillaient trop devant ces écrans. Nous avons obtenu des pauses, pour protéger la vue. Le délégué à la sécurité jouait un grand rôle dans ce domaine, il était dans la commission des bâtisses, il recevait même les plans de construction, il faisait des tournées de contrôle avec l’officier de sécurité qui représentait la direction pour s’assurer que tout était en ordre.
Quels étaient vos principaux objectifs ou réalisations dont vous êtes le plus fier ?
Mon objectif a toujours été de continuer à aider l’ALEBA. Depuis 1977 je suis engagé, je me suis marié au syndicalisme. J’ai travaillé toute ma vie pour l’ALEBA et je suis fier de constater qu’elle existe toujours, avec des idéalistes qui sont prêts à continuer cette œuvre.
En 1979 nous sommes devenus neutres. Avant cela, nous étions sous l’influence de notre président. Mon objectif a toujours été de rester neutre de tout engagement politique. Je le répétais dans les réunions que les disgressions politiques qui n’avaient rien à voir avec le syndicat, on devait s’en abstenir. Nous étions attaqués de toute part politiquement : droite, gauche… mon objectif était d'être au dessus de tout cela. Être neutre politiquement nous a permis de rester constant, de survivre au-delà des turbulences et changements politiques.
Quelle est la chose la plus étrange ou amusante qui vous soit arrivée lors d'une négociation avec des employeurs ?
En ma qualité de secrétaire général je me souviens d'une de mes premières négociations avec le patronat, alors que je remplaçais le président Eugène Storck comme porte-parole de l'intersyndical. Le porte-parole de l'ABBL, à l'époque Jean Krier, a ouvert la séance en me posant la question suivante : "alors monsieur Back, avec quoi allons-nous commencer ?" je lui ai répondu avec le "DEUS MEUS" (ce qui veut dire "avec l'argent"). Tout le monde était perplexe, puis nous avons bien rigolé.
Le CA de l’ALEBA dans les années 80. Au milieu : le président Eugène Storck. A sa gauche : Pierre Back, secrétaire général.
En quelques mots, quelle serait votre devise syndicale ?
"Un pour tous et tous pour un" !. C'est une devise idéale et facile à traduire dans toutes les langues, elle existe partout et elle représente le principe même du syndicalisme et de la mutuelle : tout le monde cotise, pour que tout le monde puisse en profiter.
Pierre signe le Protocole d’accord sur la Sécurité dans les Banques et Assurances au Ministère des Finances.
Le 26 Avril 2023 le Ministre des Sports Georges Engel s’est vu remettre des mains de M. Pierre Back, auteur du livre « La Boxe au Grand-Duché de Luxembourg », un exemplaire de la nouvelle édition de cet historique sur ce sport au Luxembourg. Au cours de cette réception, l’auteur a annoncé la publication d’un deuxième livre sur ce sport d’ici quelques mois et qui retracera notamment les événements suivant la première édition jusqu’à ce jour.
Si vous pouviez inviter une célébrité à rejoindre votre syndicat, qui choisiriez-vous et pourquoi ?
Brigitte Bardot. On a presque le même âge ! Elle aime aider les animaux et moi j'aime aider les gens. C'est pour cela que je continue de le faire par le biais de la mutualité. Comme elle, j'aiderais jusqu'à ma mort !
En 1977, Pierre Back est membre du comité d'administration. En 1979, l'ALEBA officialise sa neutralité politique. Jusqu'en 1994, Pierre sera secrétaire général sous la présidence d'Eugène Storck (1979-1994). En 2023, c'est Roberto Mendolia, l'actuel président, qui lui remettra la Médaille de l'Ordre de la Couronne de Chêne pour 25 ans d'engagement syndical.