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Témoignage maternité et carrière - Trois expériences différentes de retour au travail

La crainte qui existe est celle-ci « si je tombe enceinte, comment vais-je concilier cela avec ma carrière? comment faire une place à mon bébé alors qu’il n’y a toujours eu que le travail, et surtout, que dit la loi pour me protéger ? »

Dans une évolution de carrière, je pense que ces doutes reviennent souvent. Surtout celui du retour au travail après le congé maternité.

3 enfants, 3 expériences de retour au travail complètement différentes !

J’ai eu mon premier enfant lorsque je travaillais en prison, j’étais psychologue dans un milieu majoritairement masculin avec beaucoup de tabous et des conditions d’hygiène qui sont celle d’une prison. A mon retour de congé maternité j’ai choisi de continuer à allaiter, c’était une volonté et tellement important pour moi et mon bébé. Du jour au lendemain je me suis retrouvée séparée de mon bébé que je voyais tous les jours, elle avait à peine 5 mois.

Pour tirer mon lait à la prison il n’y avait pas de local, mon bureau était vitré, il y avait juste les toilettes… Et puis, de stress, mon corps a arrêté de produire du lait. Cela a provoqué un engorgement très handicapant et douloureux. Puisque je ne pouvais pas tirer mon lait correctement mon corps s’est dit qu’il n’y avait plus besoin d’en produire.

Mon bébé a directement souffert de ce manque d’intimité sur le lieu de travail pour tirer mon lait, et il n’avait encore jamais pris de biberon : elle a refusé le lait en poudre, les biberons, les tétines puis refusé de s’alimenter. Elle était en pleurs des heures durant et souffrait réellement tant physiquement (creux dans sa courbe de croissance) que mentalement. 

Lorsque je travaillais en prison, les pauses allaitement n’existaient pas. Il fallait prolonger le congé maternité (de 2mois…) en congé allaitement, pour 60% de mon salaire et si je faisais cela, je ne pouvais plus payer ma maison.

Seconde grossesse : malgré une meilleure organisation, les freins internes au monde du travail persistent…

3 ans après, je tombe enceinte à nouveau et prends la décision de ne pas faire de concession. Je vois une conseillère en lactation pour savoir comment prolonger l’allaitement et surtout déstresser. Je faisais même des réserves de colostrum, au cas où. Je me préparais psychologiquement et financièrement.

J’apprends à mieux tirer mon lait, mais je reste confrontée aux mêmes soucis : en prison il n’y pas moyen de le tirer proprement ni même le conserver au frais. Alors, pour ne pas être engorgée, je tire du lait et le jette dans le wc... J’essaie de déstresser sinon le lait ne sort pas, je regarde une photo de mon bébé. Une fois que je récupère le bébé à la crèche je l’allaite directement. A la crèche, j’amène le lait que je tire à la maison. Cette reprise m’a demandé beaucoup de préparation ! Après 7 mois, le corps se met dans une production menée par le bébé, comme pour tous les mamifères. Je ne m’engorge plus, la douleur cesse. J'ai allaité mon fils durant 18 mois. C'était un bébé souriant, sans problème de santé, une adaptation sans heurts à la crèche et une maman rassurée au travail. 

Luxembourg: informée sur mes droits, je vis une expérience professionnelle plus sereine

La pause allaitement sert à réguler son corps, on la prend selon ses besoins. Au Luxembourg c’est soit 90 minutes à midi soit 45 le matin et 45 le soir. L’employeur a l’obligation de l’accepter, avec le certificat du docteur. Cela s’accorde parfaitement avec la vie de travail au Luxembourg.

Lorsque je travaillais en Belgique, je n’avais pas d’information, alors je n’ai pas bénéficié correctement de mes droits en tant que maman.

Au Luxembourg, lorsque j’ai eu mon 3ème bébé, notre juriste interne m’a expliqué tout ce que j’avais à savoir.

Il est essentiel de reconnaître que les lois et les politiques sont en place pour protéger les droits des femmes enceintes, des mères et des parents en général. Poser des questions et chercher à comprendre ses droits est un acte important et légitime.

Je ne regrette pas d’avoir été déterminée à allaiter, car l’allaitement maternel a joué un rôle crucial dans le rétablissement de ma fille lors d'une épidémie de bronchiolite grâve. Elle refusait toute autre forme de nourriture et n'acceptait que le sein. L'allaitement a été une source de guérison. Les anticorps présents dans mon lait maternel ont renforcés son système immunitaire, l'aidant à combattre l'infection de manière plus efficace, en évitant un séjour à l’hôpital. Les effets appaisants et analgésiques de l'allaitement l'ont aidé à tenir le coup alors que d'autres petits copains de la crèche étaient aux urgences. Elle a passé 5 jours en peau à peau contre moi pour reprendre des forces.

La peur de la stigmatisation peut être réelle dans de nombreux contextes, et cela peut être particulièrement difficile pour les femmes qui se trouvent dans ces situations. Pourtant, les lois permettent de bien s’organiser en fonction de son bébé sans compromettre son rôle de salariée.

Ces 90 minutes que la loi nous offre sont fondamentales : c’est de cette façon que le corps comprend qu’il peut continuer à produire sans la présence physique de son bébé durant notre journée de travail.

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