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"Télétravail : j'appelle à une approche pragmatique"

Quel regard global sur la situation actuelle ?

Au sujet du télétravail, force est de constater trois tendances sociétales et réalités économiques à prendre en compte de façon pragmatique, lorsqu’on aborde le sujet du télétravail :

  • Le Luxembourg est maintenant en concurrence directe avec les pays et les capitales qui proposent le télétravail, comme Paris et certaines de ses entreprises qui proposent jusqu’à 4 jours de télétravail. Le risque est de perdre une main-d’œuvre qui va préférer rester dans son pays de résidence avec un salaire parisien. C’est préjudiciable quand on sait que le Luxembourg souhaite augmenter son nombre de travailleurs.
  • Depuis la pandémie, beaucoup de personnes ont eu une prise de conscience et ne souhaitent plus sacrifier leur équilibre personnel et leur temps inutilement.
  • Le temps de trajet est conséquent, compliqué et imprévisible. Même avec les efforts du coté Luxembourgeois, il y a un délai incompressible et une saturation des voies de transport, sans mentionner l’impact en environnemental.

L’augmentation du nombre de jours autorisés par le seuil social est une bonne avancée, mais l’aspect fiscal persiste et sa résolution est freinée par un manque de coopération intergouvernementale. En tant que syndicat, bien que nous jouions notre rôle en favorisant le dialogue avec les ministres, les députés et les communes, nous savons bien que l'essentiel ne se joue pas uniquement à notre niveau.

Du côté luxembourgeois, il y a des efforts dans le sens du télétravail sur le site guichet.lu pour aller au-delà des 50% par le biais de la CCSS. Du coté des pays frontaliers, il y a des difficultés pour déclarer la base imposable, cela demande des fiduciaires et un traitement particulier qui engendre des frais… La démarche n’est pas aisée, ce qui est regrettable alors que le niveau d’impôt serait intéressant !

Nous revendiquons sans arrêt la nécessité d’un statut particulier au niveau européen, ainsi que l’augmentation des jours de télétravail. La bonne nouvelle avec le gouvernement actuel, c’est la rencontre ministérielle entre Luc Frieden et l’ex-ministre Elisabeth Borne pour faciliter le recours au télétravail, et la négociation d’un nouveau cadre social et fiscal. Comme le prône l’ALEBA depuis la pandémie.

La chambre des députés avait été favorable un temps à deux jours de TT par semaine et cela pourrait être le juste équilibre pour rester connecté au monde professionnel. Les entreprises étaient très réticentes avant le covid, et en toute logique elles se sont aperçues que cela fonctionne : nous sommes parvenus à un stade où nous devons prôner la déconnexion !

Récemment, l’Allemagne suit le pas de la Belgique et la France au 1er janvier 2024 en passant à 34 jours de télétravail par an. Demeure un gros frein : l’aspect fiscal.

Quid de ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas de TT ?

Pour les salariés ou les secteurs d’activité qui ne peuvent pas, il serait bien d’avoir une compensation/reconnaissance numéraire ou un congé spécifique pour éviter les tensions et le sentiment d’injustice, par soucis équité.

Faut-il s’inquiéter de l’Outsourcing ?

Il n’y a pas de mystère, pour éviter l’outsourcing, il faut de la présence, c’est important. Pour une entreprise, externaliser c’est prendre le risque de ne jamais voir son salarié. Un Polonais ne pourra jamais venir en entreprise, contrairement au frontalier en télétravail. C’est pourquoi on revient sur la nécessité du statut frontalier avec les spécificités qui lui sont propres et des jours en présentiel, pour éviter ce genre de dérives. Le Luxembourg possède une main d’œuvre frontalière qualifiée et diverse, c’est ce qui fait la richesse du Grand-duché, une richesse à cultiver !

Le TT représente-t-il une menace économique ?

L’économie a tout à gagner. Les plus jeunes générations refusent de consacrer autant de temps aux transports. Le TT est un de leurs premiers critères de sélection lorsqu’elles cherchent un emploi au Luxembourg. Une entreprise qui n’en propose pas a peu de chance de capter cette main d’œuvre. Le Luxembourg doit prendre en compte cette donnée essentielle.

Le frontalier dépense dans son pays et apporte une TVA rémunératrice. Il a un plus fort pouvoir d’achat. Le Luxembourg restitue une partie de l’impôt, et ces montants ne sont pas anodins, notamment pour la Belgique. Pour la France et l’Allemagne il faut faire de même, car c’est ce qui bloque. Moins il y a de contributeurs, moins on fait vivre le système, comme celui de la pension – ce sont les travailleurs d’aujourd’hui qui financent ceux d’hier. De mon côté, je fais le maximum pour augmenter cette possibilité.

Quelles solutions pouvons-nous entreprendre ?

L’ALEBA se positionne comme un facilitateur, j’appelle à une approche pragmatique de la situation et force est de constater que le TT est un élément clé à notre portée et fortement attendu dans le monde salarial. Des hubs de coworking doivent se développer sur les grands axes, à la frontière luxembourgeoise. Comme chacun sait, le trajet est conséquent, source de stress et il représente une perte de temps. Néanmoins, le TT doit rester optionnel – c’est une possibilité et non une obligation, qui doit se faire sur base volontaire.

L’absence d’harmonisation européenne creuse les inégalités, et c’est ce point clé à solutionner rapidement. Le Luxembourg doit renégocier l’aspect fiscal avec la Belgique. Pour les belges niveau fiscalité c’est nettement moins intéressant lorsqu’ils dépassent le seuil fiscal de TT, le salarié Belge se fait matraquer. S’il dépasse son quota, on impose même les 34 premiers jours de base.

L’idée d’imposer au-delà du seuil fiscal autorisé c’est une idée que l’ALEBA promeut depuis très longtemps, notre vision était la bonne : une vision pragmatique et réfléchie. Notre ambition n'était pas de suivre une tendance sans réfléchir aux conséquences pour les salariés, le Luxembourg, et les pays frontaliers.

Le TT va-t-il faire émerger de nouvelles formes de management ?

Résister à la tendance du télétravail va faire fuir la main d’œuvre. Il est inutile de résister aux changements sociaux-économiques. Au contraire, nous devrions saisir cette opportunité pour repenser nos méthodes de gestion des employés. Les évolutions en cours offrent une chance unique d'innover et d'adapter nos pratiques pour favoriser un environnement de travail plus efficace.

Il faut établir une relation de confiance avec l’employeur et changer les façons de manager. Le présentéisme doit cesser – le travail est quantifiable ! De plus, nous disposons maintenant de tous les outils nécessaires : on peut crypter les données et sécuriser le travail grâce à la technologie.

 

 

 

 

 

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